La question à se poser est donc: "Pourquoi prendre un médicament?". Vu la mention des défenses du corps, je suppose qu'elle se concentre sur les maladies infectieuses.
Il y a quatre raison qui peuvent nous conduire à prendre un médicament.
La première est que le corps ne peut pas se défendre seul. C'est vrai pour certaines maladies, c'est vrai pour certains patients vulnérables. Pour la population générale, il y aura toujours une proportion de patients, variable selon le germe, qui sera incapable de se défendre. On ne sait malheureusement pas qui exactement dans cette population avant que l'avancée de l'infection ne l'ait démontré par la pratique. C'est à vous d'estimer si le risque de ne pas pouvoir se défendre seul est suffisamment important pour prendre un médicament.
La deuxième raison est d'éviter les complications. On peut parfois se débarasser d'un germe, mais un médicament aidera à l'éliminer avant qu'il ne puisse causer des troubles parfois mortels, parfois causant des atteintes irréversibles à différents organes. C'est la raison pour laquelle on traite très agressivement les méningites, par exemple. Encore une fois, c'est à vous d'estimer si éviter le risque de complications et leur gravité vaut la peine d'un traitement.
La troisième raison est le confort. Une grande partie des médicaments sont pris dans cette optique. C'est à vous de voir si le soulagement des symptômes ou la gérison plus précoce est une raison suffisante au traitement.
La quatrième, enfin, est une notion communautaire. Ne pas être malade est le meilleur moyen d'éviter aux autres d'être malade. Cela paraît idiot à dire, mais ce n'est pas négligeable. Que cela soit en se protégeant, par une bonne hygiène de vie ou par vaccination, ou en diminuant sa durée de contagion par un traitement adapté, on diminue les risques de transmission et de persistance du germe dans la population. C'est à vous de vous demander si le sort de la population suffit à vous faire accepter un traitement.
Tous ces bénéfices doivent être mis en balance avec les coûts matériels et immatériels d'un traitement. Tout médicament comporte ses risques d'effets secondaires.
Dans le cas d'une infection, en revanche, il est faut de croire que le corps se défend ou se défendra "moins bien" si on reçoit un traitement. Du moment que la maladie devient symptomatique, le nombre de germe est suffisant pour que le corps soit surentrainé à le reconnaitre et qu'il produise de nombreuses cellules à mémoire afin de conserver une immunité à long terme. Ou alors, c'est que le corps n'en produit pas assez pour une quelconque raison et qu'il ne s'en sortira pas sans traitement.
Pour conclure, une question récurente dans ce domaine est celle de la vaccination: vaut-il mieux avoir la maladie ou se faire vacciner pour acquérir l'immunité?
Le raisonnement "Avoir la maladie et ses risques de complications pour se protéger de la maladie et de ses risques de complications" comporte en soi un non-sens énorme. La question: "Prendre le risque des effets secondaires du vaccin ou prendre le risque de développer la maladie plus tard ainsi que ses complications" peut encore se discuter selon les convictions. Les bénéfices de nombreux vaccins sont cependant bien établis en matière de balance de risques. La question se pose aussi souvent parce que le risque de développer la maladie est massivement réduite grâce à la proportion de la population qui se vaccine, en pensant à la quatrième raison, et qui empêche que la maladie se propage jusqu'au personnes qui non protégées ou plus faibles.
Un dernier mot en lisant les différentes réactions:
Il est bien de ne vouloir prendre des médicaments que si nécessaire. Un médecin peut le déterminer dans une certaine mesure.
Il ne faut pas prendre des médicaments seulement "si c'est grave", car cela signifie que les complications sont déjà là et que le traitement était déjà nécessaire, avant! N'attendez donc pas de vérifier que vous êtes bien en train de faire une insuffisance respiratoire ou une septicémie avant de recourir au monde médical.